I have been working with the idea of otherness and how we negotiate complex identity issues in an increasingly globalised world, where movement and forced migration has given rise to conflicting sentiments amongst people living in communities. How much transparency is expected amongst people of different cultures so as to be accepted and trusted? How much of traditional values and rituals are expected to be explained and put forth so as to curb the edges of mistrust and fear of the other? Sentiments come from both sides, the other is both at any given time, and identities are always been negotiated.
This body of works looks into how over the years there has been a need by the western societies to impose a sort of transparency from the side of the 'other'. And how over the years this transparency has given rise to an increasing suspicion of the 'other'... overanalysed, and stripped of its uniqueness both is discourse and plight...
Glissant's claim to me resonates greatly in some corners of my mind, and asks for a return to the origins and and one's own distinctive individuaity as opposed to homogeneity...
With a narrative that fluctuates like the shorelines to which I am accustomed, as an islander, part of the fabric of the Indian ocean cultures, but also as part of the globalised eye of the artworld, I stand in a complex relationship to what I portray. While I speak to my people, at the very same time I become an intermediary to the world beyond while attempting to avoid reductive simplifications evident in current theoretical discourses on the creation and categorization of meaning."
Glissant’s concept of opacity has deep resonance in me in the sense that individuality is something that reinforces the sense of being and belonging, and cultures need to strive in their uniqueness, and most often do, as self preservation is itself what defines us (and communities) as a whole. Globalisation is happenning, it is inevitable, yet particularities of differences is what really keeps the world interesting, as opposed to total transparency that gears towards homogeneity, as is the increasing trend required from the major western countries.… there is always an element of power that comes into being- who is required to be transparent for the other to comprehend? : " Dans le panorama actuel du monde une grande question est ceci: comment etre soi-meme sans se fermer a l'autre et comment s'ouvrir a l'autre sans se perdre soi-meme"... these are condradictory ideas that are explained as binary opposites: 'Opacité' et 'Relation'. My challenge is to navigate these ideas while being infused in the here and now, to the actual state of things in a hybridised city ...
A Laureate of the French Institute, my residency was sponsored by the African Culture Fund and the Mahatma Gandhi institute.
Oil on canvas, 80 x 100 cm, 2019
Embroidery on toile de Jouy, 100 x 100cm, 2019
« Dans le panorama actuel du monde une grande question est celle-ci : comment être soi-même sans se fermer à l’autre et comment s’ouvrir à l’autre sans se perdre soi-même ? »[1]
Dans le sillon du philosophe Édouard Glissant, Nirveda Alleck prend appui sur la culture créole dont elle est issue pour développer un travail où la question de l’identité est centrale. À travers la peinture, la photographie, la vidéo, l’installation et la performance, l’artiste s’interroge sur le sentiment d’appartenance : qu’est-ce que cela signifie, se sentir faire partie d’un groupe ? D’une culture ? D’un territoire ? D’un espace particulier ? Depuis 2006, elle développe le projet « Continuum », élaboré selon un protocole particulier : au cours de ses voyages, l’artiste photographie les gens qu’elle rencontre, comme pour enregistrer des fragments de vies et d’histoires singulières. Méticuleusement transposés en peinture sur un fond neutre, systématiquement isolés de leurs environnements, ils deviennent alors des personnages, dont seuls les vêtements, les corps et les attitudes orientent la lecture de l’œuvre. Tout en s’inscrivant dans le genre du portrait, Nirveda l’actualise et le dépoussière, en insérant au cœur de ses peintures les visages de gens ordinaires, et creuse ainsi les notions de représentation et d’imaginaire.
Dans le cadre de sa résidence à la cité internationale des arts à Paris, l’artiste prolonge ce travail avec Continuum France. Une vingtaine de silhouettes inconnues réunies au sein d’un même espace pictural semblent, tout en gardant une part de leur mystère propre, dénoter quelque chose de commun, formant une certaine image d’ensemble, d’une population. Observant la société française traversée par les questions de migration, d’asile, d’accueil et d’identité, l’artiste sonde ce qui nous rassemble et ce qui nous sépare, ce qui fait lien et ce qui fait différence.
Une réflexion qu’elle poursuit avec le triptyque How dark are your thoughts, à travers lequel elle met en relation des images de natures et d’époques différentes : d’un côté, une scène observée dans les rues de Paris, d’un groupe de jeunes hommes se faisant contrôler par la police. De l’autre, une photographie réalisée par l’anthropologue français Désiré Charnay (1828 – 1915), dont la légende traduit le regard colonialiste et occidentalo-centré : « Mozambique de face, métis "Arabe" de dos, Mozambique de profil »[2]. Au moyen de la toile de Jouy utilisé comme arrière-plan, l’artiste replace ici ces corps dans une histoire collective – celle de la France et de son passé d’Empire colonial. Aussi appelée « indienne », cette étoffe initialement fabriquée en Inde puis copiée par la manufacture de Jouy-en-Josas à partir du 18ème siècle, est connue pour ses motifs de scènes pastorales et de paysages fantasmés. Par l’énoncé « Tu as droit d’être obscur », l’artiste relie ces images au concept d’opacité, développé par Glissant : du latin opacitas, (propriété d’un corps qui ne se laisse pas traverser par la lumière), l’opacité est ce qui « accorde à chacun le droit de garder son ombre épaisse, c’est-à-dire son épaisseur psycho-culturelle. »[3]En redonnant un peu d’obscurité aux personnes qu’elle dépeint, Nirveda adopte une posture de résistance, face à une certaine globalisation du monde où les cultures et les langues tendent à s’homogénéiser.
Pour cette habitante d’un archipel, la pensée de l’Ailleurs et du rapport à l’Autre sont une nécessité. Issue d’une performance, l’installation Variations insulaires, composée d’un sari en plastique et d’une structure en métal, est une sorte de panoplie de rituel : entre l’habit traditionnel et l’armure de protection, elle permet à l’artiste de « se sentir séparée d’avec le monde ». Puisant dans ses origines pour réinventer ses propres coutumes, elle développe un travail hybride, laissant la place à l’intuitif, l’imaginaire, la poésie. À travers ses œuvres, Nirveda Alleck navigue sans cesse entre l’intériorité et l’ouverture à l’autre, le ‘chez-soi’ et l’étranger, le compréhensible et l’incompréhensible. Il s’agit, pour elle, de considérer le monde comme un ensemble composite de « racines allant à la rencontre d’autres racines ».
Ninon Duhamel
Août 2019.
[1] Édouard Glissant, Introduction à une Poétique du Divers, 1995.
[2] Image publiée dans l’ouvrage Types africains, indiens et chinois, 1863, Muséum d’histoire naturelle de la Réunion.
Source : Iconothèque Historique de l’Océan Indien (IHOI).
[3] Clément Mbom, « Édouard Glissant, de l’opacité à la relation », p.248, in Poétiques d’Édouard Glissant, Actes de Colloques, presses universitaires de La Sorbonne, Paris, 2000.
Née en 1991, Ninon Duhamel vit et travaille à Paris.
Elle mène une activité de recherche et d’écriture centrée sur le langage et la parole dans les pratiques artistiques contemporaines. Collaboratrice régulière au sein de l’équipe curatoriale du MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val de Marne, elle prépare actuellement son premier projet d’exposition collective, intitulé « À voix haute » (à venir en janvier 2020 à La Graineterie – centre d’art contemporain de Houilles).
Masquerade I, photographic print, 60 x 90 cm, 2019 (Edition of 8)
Masquerade II, photographic print, 60 x 90 cm, 2019 (Edition of 8)
Masquerade III, photographic print, 60 x 90 cm, 2019 (Edition of 8)
Continuum France, 620x 120cm, oil on canvas, 2019
Continuum Kuler, series of 5 Photographic prints, 60 cm x 80 cm x5 (Edition of 8)